17e dimanche du Temps Ordinaire / Année C

Pourquoi prier ? Dieu ne sait-il pas ce dont nous avons besoin sans qu’il y ait besoin de Le lui demander ? Et puis, n’avons-nous pas fait régulièrement expérience de demander une chose avec insistance sans l’obtenir ? Même la fameuse intercession d’Abraham pour Sodome, n’a-t-elle pas échoué ? Sodome a bel et bien été détruite, car Dieu n’y trouva pas les dix justes qu’Abraham parvint à négocier.

Peut-on faire confiance aux paroles de l’Evangile ? Pardonnez-moi cette question blasphématoire, mais, franchement, dans les faits, croyons-nous vraiment qu’en frappant, la porte nous sera ouverte ? qu’en demandant, nous recevrons ce que nous demandons ? qu’en cherchant, nous finirons par trouver ? Ne nous disons nous pas plutôt, bien qu’inconsciemment : « Pour nous, inutiles d’espérer des miracles. Si nous ne nous taillons pas notre part, personne ne nous la donnera ; si nous ne nous faisons pas justice nous-mêmes, personne ne nous la fera ; si nous ne nous occupons pas de notre santé et de nos affaires, personne ne s’en occupera. »

Cette attitude est clairement contraire à l’Evangile. Heureux sommes nous, si nous prenons conscience de cette contradiction. En effet, nous pouvons très bien passer toute notre vie sans nous en apercevoir, être convaincus que nous sommes de bons chrétiens, de bons moines, sans jamais parvenir à faire réellement confiance à Notre Père.

Pour éviter ce malheur, ne craignons pas de regarder le problème en face :

  • Pour être vraiment chrétiens, nous devons faire confiance à Dieu, toujours et en tout.
  • Mais Dieu ne semble pas digne d’une telle confiance, car Il n’exauce pas toujours nos prières et laisse souvent le mal nous atteindre.

Peut-on résoudre cette énigme ?

Notre Seigneur nous en offre la clé en faisant appel à notre expérience : « Quel père parmi vous, quand son fils lui demande un poisson, lui donnera un serpent au lieu du poisson ? » Pour comprendre la prière, il faut l’envisager comme expression d’une relation entre le Père et le fils. Or, comme le montre la parabole du Père et des deux fils, dite parabole du fils prodigue, cette relation n’est pas sans difficulté. Elle nous montre que même si nous avons un père aimant, prêt à tout donner et à tout pardonner, nous pouvons malgré tout manquer de confiance en lui. Nous pouvons manquer de confiance en nous éloignant de lui, pour aller jouir tranquillement de ses dons, loin de son regard. Pire, nous pouvons manquer de confiance en restant dans la maison paternelle, ayant le cœur, le centre d’intérêts en dehors, à côté du Père. « Voilà tant d’années que je te sers sans avoir jamais transgressé un seul de tes ordres et jamais tu ne m’a donné un chevreau, à moi, pour festoyer avec mes amis… » Il n’y a pas d’homme plus triste et plus amer que ce fils qui est toujours avec son père mais dont le cœur est loin de lui.

Si nous avons l’impression que Dieu n’exauce pas nos prières, considérons nos dispositions profondes. La relation avec Notre Père est-elle le cœur battant de notre vie ? Vivre en présence du Père est-il le bonheur que nous visons, ou bien en cherchons-nous un autre, en dehors, à côté ?

« Si donc vous qui êtes mauvais, vous savez donner de bonnes choses à vos enfants, combien plus le Père du ciel donnera-t-il l’Esprit Saint à ceux qui le lui demandent ! » Voilà bien le meilleur test : est-ce l’Esprit Saint, l’Amour en Personne, que nous demandons sans cesse ? Ou bien Dieu ne nous suffit-Il pas ? 

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