Anniversaire de la dédicace de l’église de Sept-Fons 2025

« L’heure était tragique. Dom Guéranger voyait son œuvre au bord de la catastrophe. Il ne savait même pas s’il lui serait possible de se sauver du naufrage. C’est dans cet état d’esprit qu’il célébra, le 12 octobre 1845, la fête de l’anniversaire de la Dédicace de l’église abbatiale de Solesmes, peut-être pour la dernière fois… » Mais à l’heure exacte de cette célébration, alors que Dom Guéranger faillit désespérer, un événement qu’il ignora longtemps se produisit à Paris – événement qui allait sauver son œuvre. Pourtant bien différemment de ce qu’il aurait imaginé…

Il en va ainsi dans nos vies : Dieu agit puissamment, souvent à notre insu, mais toujours pour notre bien, alors que, nous, nous croyons la situation perdue. La Providence mène les affaires autrement qu’on n’aurait souhaité. Sur le moment, sinon douloureux, c’est du moins contrariant.

Il en va de même dans cette visite quasi officielle de notre Seigneur à Jéricho. Le parcours de sa traversée de la ville est fixé à l’avance. Les notables et de nombreux Juifs l’accompagnent. Tout se déroule bien, c’est-à-dire comme prévu, jusqu’au moment où Jésus lève les yeux vers le sommet d’un arbre. Là, derrière les larges feuilles de figuier, se cachait un homme. A cause de lui, Jésus fait dévier tout le cortège. « Voyant cela, tous récriminaient ! »

Nous imaginons bien les figures revêches des Pharisiens. Mais remarquons que les Apôtres eux-mêmes ne sont pas en reste : « tous récriminaient » ! Pourquoi ? Bien sûr, Zachée était un pécheur public. Mais était-ce la seule, ou la vraie raison ? La visite de la ville ne devait-elle pas s’achever par un de ces repas que Jésus lui-même aimait ? Or ce banquet est maintenant compromis. Puis, pour les esprits exacts, ce détour n’était pas prévu. Or, pour eux, rien n’est plus important que l’ordre prévu… Quoi qu’il en soit des motivations des participants, « tous récriminaient » ! Et, soyons honnêtes, nous les comprenons d’expérience.

Cela fait seize ans que notre église abbatiale a été consacrée. Depuis, il n’est pas impossible que tout ne se soit pas passé exactement comme nous l’avions prévu, voulu ou imaginé… Ne serait-ce pas la meilleure preuve que la Providence est à l’œuvre, que sa main bienveillante s’occupe personnellement de chacun d’entre nous ? Encore faut-il que nous sachions la reconnaître. En tout cas, il n’y a pas de meilleure occasion que cette célébration pour en rendre grâce.

Car si Dieu a choisi cette maison pour y demeurer, c’est pour que nous y demeurions, avec Lui, à son service dans la vie monastique. Que nos récriminations, nos excès d’occupations et nos espoirs trop humains ne nous en éloignent pas. Et si cela arrive, sachons, nous aussi, rendre à Dieu quatre fois plus : oraison devant le tabernacle, invocations, présence à Dieu…

Si nous accueillons cette grâce de fidélité que Dieu nous renouvelle aujourd’hui… alors, le salut sera arrivé aussi pour cette maison.

Que Notre-Dame de Sept-Fons, Reine du Saint-Lieu et des frères, veille sur nous. Amen.

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