Les trois quarts des gens ne savent pas ce que c’est. Mais parfois, des gamins dans la rue s’écrient en nous voyant : « Des moines ! Des moines ! » Mais qu’est-ce donc qu’un moine ? Il en a toujours, mais très peu. Et il semblerait que, de nos jours, il y en ait de moins en moins. La preuve : beaucoup de monastères ferment faute de recrutement. Et pourtant, aussi longtemps qu’il y aura des hommes, il y aura des moines.

L’appel mystérieux de Dieu
Qu’est-ce à dire ? Que Dieu, mystérieusement, appellera toujours des jeunes, parfois même des adultes, à lui consacrer entièrement leur vie. Cet appel, c’est la vocation — que chacun perçoit à sa manière propre, depuis un vague désir jusqu’à une claire certitude. La vocation est une graine, subrepticement semée par Dieu dans un cœur. C’est à ce cœur de la faire pousser, grandir et porter du fruit par la grâce de Dieu.

Les origines de la vie monastique
L’Église a toujours estimé la vie monastique, née en Égypte au IIIᵉ siècle, à l’époque où les persécutions romaines cessaient. Des hommes ont alors traduit leur désir absolu de Dieu en quittant la société humaine pour la solitude, le silence et le service exclusif de Dieu. Le désir d’absolu n’est pas le souvenir d’une époque révolue, d’un temps où il y avait des moines.

La Règle de saint Benoît et l’héritage monastique
Ce désir, saint Benoît l’a exprimé dans sa Règle monastique pour les chrétiens d’Occident. Elle transmet le meilleur des Pères du désert d’Égypte et du Moyen-Orient. Ce même désir a été repris de siècle en siècle : Cluny en 910, la fondation du Nouveau Monastère à Cîteaux en 1098, puis saint Bernard dans la première moitié du XIIᵉ siècle, et de génération en génération jusqu’à aujourd’hui.
Des figures marquantes de Sept-Fons
Il fut illustré notamment par saint Benoît-Joseph Labre, passé à Sept-Fons en 1770, qui, après un séjour dans notre monastère, vécut une vie de sainte errance. Parmi les frères de Sept-Fons, citons les martyrs de la Révolution : les frères Paul et Élie, morts en 1794 avec leurs 829 compagnons sur les pontons — dont trois autres frères de Sept-Fons. Plus proche de nous, la grande figure de dom Jean-Baptiste Chautard, abbé de Sept-Fons de 1899 à 1935, et plus récemment celle du père Jérôme, qui a cherché à repenser la vie monastique dans une humble fidélité à ses devanciers. Enfin, le jeune frère Théophane, mort à 28 ans le 7 décembre 1989.

L’élan spirituel qui subsiste
C’est ce même élan qui est aujourd’hui toujours à l’origine de toute vocation monastique : quitter le monde, rechercher la solitude, mener une vie humble dans le silence, au sein d’une communauté fraternelle et laborieuse. Pour adorer Dieu et le louer. Pour intercéder pour le salut des hommes, prier pour eux à leur place et se sanctifier.
Un chemin peu compris, mais toujours vivant
Ces notions ne sont plus guère à la mode aux yeux d’un grand nombre ; elles paraissent suspectes, élitistes, voire hypocrites. Non ! Elles procèdent de ce désir déposé par Dieu dans un cœur qui, l’ayant perçu, ne se dérobe pas et y répond.

Les étapes d’une vocation monastique
Alors celui-ci se présente au monastère. Le discernement de la vocation est un art qui exige autant de dons chez celui qui en est l’objet que chez celui qui aide à le réaliser. Les étapes sont simples. Tout d’abord, un temps de postulat, pendant lequel le candidat découvre et se laisse découvrir. Puis il revêt l’habit monastique et reçoit éventuellement un autre nom. Viennent ensuite deux années de probation, autrement dit le noviciat, au terme desquelles le novice prononce ses premiers vœux. Ils l’engagent pour trois ans à vivre la vie des moines dans la pauvreté, la chasteté et l’obéissance, dans le monastère même : c’est le vœu de stabilité. Certains moines, plus tard, deviendront prêtres, car il y a harmonie entre vie monastique et sacerdoce.

Si celui qui lit ces lignes s’y retrouve, il serait le bienvenu à Sept-Fons.