Le 13 juin vers 3h, un incessant va-et-vient d’hélicoptères au-dessus du monastère indiquait une activité militaire inhabituelle dans le pays. Les frères ont dit l’office de matines, la journée commençait comme à l’habitude. Au petit matin, les informations sont parvenues à l’abbaye : l’Iran, attaqué dans la nuit, s’apprêtait à riposter. Le soir, une forte quantité de missiles était interceptée au-dessus du monastère. Trois alarmes, une en début de soirée et deux au milieu de la nuit, anticipaient – parfois de seulement 30 secondes – l’arrivée des missiles et des drones de combat. Les frères, pour la seconde fois depuis 2024, sont descendus se mettre à l’abri après les complies. Le chapelet a été dit. Puis, après l’accalmie, tous sont remontés pour se coucher.

Les jours suivants ont été similaires dans leur déroulement : des
bombardements aux alentours de matines et de complies, puis un calme plat le reste de la journée. Les offices ont pu être dits à l’église,
cela a été vécu comme une grâce. L’intensité des bombardements a
augmenté les premiers jours pour s’estomper progressivement et
recommencer de plus belle ces derniers temps. Le matin du 19, pendant la messe, une très grande quantité de missiles a traversé le ciel du pays ; leur interception a provoqué un grondement sourd et puissant continu pendant une dizaine de minutes. L’un des plus grands hôpitaux du sud du pays a été touché. Les structures du bâtiment devenant incapables d’assurer un cadre de soins adéquat, le directeur de l’établissement a fermé les lieux, provoquant une dispersion générale des malades dans les autres hôpitaux du pays.
Les agents de santé des hôpitaux, considérés comme travailleurs
réquisitionnés, sont passés les uns au régime des trois-huit, comme dans les usines, les autres à un régime encore plus strict du 12/12. Les sorties restent très rares, les autoroutes sont quasi vides. L’ordre
général de limiter l’activité au strict nécessaire devait prendre fin le
soir du 19. La tension reste très forte dans la population qui craint
cette « loterie de la mort », spécialement chez ceux qui habitent dans les zones couramment visées par les missiles. La vieille ville de
Jérusalem est entièrement fermée.
Face à ce désordre général, les moines continuent, avec la grâce divine, de mener à bien leur mission de prière et d’intercession, encore plus en ce moment. Beaucoup d’amis, y compris juifs et musulmans, nous demandent de prier pour eux. Dans ce climat d’incertitude, d’incompréhension et de haine grandissantes entre juifs et arabes du pays, Latroun demeure un lieu de paix. Si pour l’heure le monastère n’a pas subi de dommages matériels (depuis l’immense incendie d’il y a trois semaines), il reste douloureux de savoir que chaque missile va entraîner blessures et morts, et ruiner des vies, le plus souvent innocentes. Les moines, dans leurs prières, trouvent toute leur place dans ce pays rudement éprouvé, à condition que chacun s’efforce de poursuivre sa vocation de louange et de prière pour tous les hommes nos frères.
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