Mt 1, 18-24
Les trois lectures de ce dimanche sont inséparables. La mystérieuse prophétie d’Isaïe, dite de l’Alma, l’éblouissante théologie de saint Paul dans la Lettre aux Romains et la simplicité de l’Evangile selon saint Matthieu, nous conduisent, chacune à leur manière, au cœur de la foi chrétienne, à la Personne de Notre Seigneur. L’Emmanuel, Dieu avec nous, le Sauveur, le Fils de Dieu, né de la Vierge Marie, mort et ressuscité pour notre salut. Et nous voici, comme par ricochet, replacés devant notre situation d’hommes pécheurs, mais rachetés ; rachetés de cette chute originelle qui trouve en nous d’étonnantes complicités… La grâce de notre Rédemption, acquise tout entière par Notre Seigneur sur la Croix, ne va pas de soi ; car notre salut ne se fait pas sans nous ! Situation paradoxale, délicate, qui nous demande un continuel ajustement aux dons de Dieu et à laquelle notre liberté préfère, trop souvent, les divertissements, nos petites affaires, notre confort.
Notre-Seigneur s’est fait homme pour nous arracher au péché, nous proposer une relation personnelle, intime. L’acquiescement qu’Il attend de nous est du même ordre que celui requis de saint Joseph dans l’évangile. Dieu propose, l’homme dispose… Eh, oui ! N’allons pas croire que les termes pourraient si facilement s’inverser !!! Gardons-nous bien de vouloir reprendre l’initiative ! C’est un leurre. Il nous revient, seulement, de nous disposer notre cœur à l’œuvre de la grâce, d’accueillir ce que Dieu veut pour nous, notre bien.
Voici la foi de l’Eglise :
La Personne incomparable du Fils de Dieu s’est abaissée pour assumer notre nature humaine avec ses limites – à l’exception du péché. Il est né à Bethléem de Judée au temps du roi Hérode le Grand, a grandi à Nazareth, enseigné les foules de Galilée et de Judée ; Il a souffert sa Passion, Il est mort sur la Croix et Il est ressuscité le 3ième jour après la Pâque de l’an 30. Il est monté aux Cieux. Il reviendra juger les vivants et les morts. Il est notre Rédempteur, notre Sauveur et Il veut être aussi notre ami.
Quelle réponse Lui donnons-nous ?
Dans sa récente Lettre Apostolique In Unitate Fidei, le Saint Père Léon XIV nous indique le chemin de cette amitié. Il écrit :
Au centre du Credo de Nicée-Constantinople se trouve la profession de foi en Jésus-Christ, Notre Seigneur et Dieu. C’est là le cœur de notre vie chrétienne. C’est pourquoi nous nous engageons à suivre Jésus-Christ comme Maître et compagnon, frère et ami. Mais le Credo de Nicée demande davantage : il nous rappelle en effet, de ne pas oublier que Jésus-Christ est le Seigneur (Kyrios), le Fils du Dieu vivant, qui « pour notre salut est descendu du Ciel » et est mort « pour nous » sur la croix, nous ouvrant la voie d’une vie nouvelle par sa résurrection et son Ascension… La sequela de Jésus-Christ n’est pas un sentier large et confortable, mais ce sentier, souvent exigeant, voire douloureux, qui conduit TOUJOURS à la vie (éternelle) et au salut (Léon XIV, In Unitate Fidei n°11).
Saint Bernard, dans le traité sur les degrés de l’humilité (III, 6) a une intuition théologique pertinente sur l’Incarnation : « En tant que Dieu, le Verbe savait éternellement notre misère ; mais il ne la savait pas comme nous, parce qu’il ne l’avait pas expérimentée, et il ne pouvait l’expérimenter qu’en se faisant homme ».
Ce que le Christ savait déjà de toute éternité par sa nature divine, il en a fait l’expérience – hormis le péché – dans sa nature humaine, afin de nous rapprocher de Lui, nous attirer à Lui, faire de nous ses amis.
Dieu propose… Et maintenant, quelle est notre réponse ?
Le salut par la Croix et la résurrection de Notre-Seigneur est le point central du Nouveau Testament, de notre foi, à partir duquel le regard des évangélistes, et le nôtre, remontent vers la naissance de Notre Seigneur. La foi des apôtres lie étroitement le mystère de notre Rédemption à celui de l’Incarnation. Ils constituent, ensemble, le socle incontournable de la foi en Jésus-Christ, Fils de Dieu, Sauveur ; de la liturgie des sacrements, de notre dévotion mariale, de l’intimité avec Dieu. Ce socle de la foi, il nous est proposé de le faire nôtre par la proclamation solennelle du Credo, par la liturgie de Noël et de Pâques. Plus encore, parce que le Fils de Dieu s’est réellement incarné dans le sein de la Vierge Marie, qu’Il vient à nous chaque jour dans l’Eucharistie, qu’Il est réellement présent dans le tabernacle de nos églises, c’est aussi chaque jour qu’Il veut ouvrir notre cœur à son amitié, nous attirer à Lui pour l’éternité. Notre réponse à ses dons, si humaine, si maladroite qu’elle soit, est d’un prix infini ses yeux, puisque personne d’autre ne la donnera jamais à notre place…
Une ancienne traduction de la Collecte du 22 décembre le dit merveilleusement bien :
« Tu n’as pas supporté, Seigneur,
que l’homme soit abandonné à la mort,
mais Tu as voulu le racheter en lui envoyant ton Fils unique ;
accorde à tous ceux qui s’inclineront devant l’enfant de Bethléem
de communier à la vie d’un tel Rédempteur. »
Amen.