Un événement. Ce que nous célébrons cette nuit n’est pas quelque Halloween folklorique, mais l’anniversaire d’un véritable évènement historique.
Contrairement aux contes de fées qui commencent par « il était une fois… », l’évangile qui vient d’être proclamé débute par un prosaïque : « en ces jours-là », incipit de tous les évangiles du lectionnaire, soulignant que les faits relatés se sont déroulés en un temps concret de l’histoire humaine. Et, comme en ce domaine la précision est requise, cela continue : « En ces jours-là, parut un édit de l’empereur Auguste », complété peu après par : « lorsque Quirinius était gouverneur de Syrie ».
Pour le situer précisément dans l’histoire du monde, vous pouvez vous reporter au kalenda, chanté par le diacre au début de la célébration. Vous y verrez que cet événement s’insère très concrètement dans le déroulement de l’histoire.
Et cet événement quel est-il ? La naissance de Jésus, Fils de Dieu, fils de Marie, Dieu lui-même venu dans notre chair, Dieu venu rejoindre sa créature pour la sauver de son péché et lui offrir de nouveau accès jusqu’à lui. Depuis ce jour, comment prétendre que Dieu serait lointain ? Il est là, Emmanuel, Dieu avec nous.
Vraiment, pour moi, c’est important que la naissance de Jésus soit un événement historique, car c’est ce même Jésus qui est présent aujourd’hui dans ma vie. Ce Jésus qui hier est né, vraiment né, c’est lui qui aujourd’hui est présent, vraiment présent. Dans l’Eucharistie, de façon toute particulière, puis, de là, débordant comme d’une source vive, sa présence emplit la vie quotidienne : il est là, au long des jours, toujours là, attentif à nous.
S’il est des situations où nous le croyons absent, c’est que nous nous arrêtons à l’écorce des événements et des choses, alors qu’il faut aller jusqu’à la réalité qu’elle recouvre, c’est-à-dire à Jésus lui-même[1]. N’attendons ni douceurs ni caresses, dépassons l’impuissance de notre sensibilité, pour percevoir cette présence. Car il est vraiment là, frappant à notre porte.
Que nous faut-il faire ? Consentir. Consentir à sa présence, consentir à son projet. Jésus ne s’imposera pas, pas plus qu’il ne s’est imposé à l’auberge de Bethléem. Il attend que nous lui ouvrions. Si nous le laissons entrer, lui faisons peu à peu de la place, il la trouvera finalement trop petite et élargira notre cœur.
N’ayez pas peur ! Ouvrez, ouvrez toutes grandes les portes au Christ. [2]
[1] Cf. P. Marie-Etienne Vayssière, Consentir à l’amour, EdB, 2018, p. 87
[2] Saint Jean-Paul II, homélie de la messe d’intronisation, 22 octobre 1978