28 juin 2025
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Fête Dieu à Sept-Fons – juin 2025 #1

Un tapis de fleurs pour Dieu : les trois jours magiques de Sept-Fons Du 20 au 22 juin 2025, l'abbaye cistercienne de Sept-Fons s'est transformée en atelier d'art floral géant pour la Fête-Dieu. François-Xavier nous raconte cette tradition unique.

Un tapis de fleurs pour Dieu : les trois jours magiques de la Fête Dieu à Sept-Fons

Du 20 au 22 juin 2025, l’abbaye cistercienne de Sept-Fons s’est transformée en atelier d’art floral géant pour la Fête-Dieu. François-Xavier nous raconte cette tradition unique.

Sept-Fons (Allier)

Dans le silence habituel de l’abbaye de Sept-Fons, ce vendredi 20 juin 2025 résonne d’une effervescence inhabituelle. Une vingtaine de moines en combinaison bleue et chapeaux de paille chargent des camionnettes. Direction : les bois alentour, à deux kilomètres du monastère. Mission : transformer le cloître en œuvre d’art éphémère pour la Fête-Dieu.

« C’est la fête du corps et du sang de notre Seigneur. On souligne l’importance de l’Eucharistie et de l’adoration eucharistique », explique François-Xavier, qui vit pour la première fois cette tradition millénaire. Ce week-end, les cisterciens de l’Allier vont déployer un spectacle de couleurs et de parfums. Cela défie l’austérité légendaire de leur ordre.

Vendredi : la cueillette forestière

Le premier jour, c’est l’expédition en forêt. « Un tracteur nous conduit dans un bois près d’une maison forestière. On ramasse des joncs, des roseaux, des fougères, et des herbes. Aussi des iris, tout ce qui pousse un peu dans la forêt, même des feuilles, des pissenlits. » L’image surprend les automobilistes de passage : ces « bonhommes tout en combinaison, tous en bleu, avec leurs chapeaux de paille » qui récoltent méthodiquement la végétation sauvage.

« C’est assez sympathique comme moment. On est tous ensemble, c’est un travail communautaire », raconte François-Xavier. « Chacun se débrouille pour être disponible 2h le matin à cueillir des fougères. Avant 9h15, on finit le travail, nos emplois habituels. »

Samedi : la tournée des jardins

Le lendemain, l’expédition change de nature. « On va chercher des roses, des fleurs dans les jardins de nos voisins. Ce sont des amis du monastère, des gens qui viennent parfois à la messe (ou pas). » Une dizaine d’équipes sillonnent la région avec leurs cageots. « On va dans les maisons les unes après les autres. »

Ces voisins complices « nous ouvrent spécialement ce jour-là leur jardin pour qu’on puisse prendre les pétales des roses, les lys, des hortensias, toutes sortes de fleurs. » François-Xavier savoure ces moments de convivialité : « On côtoie des gens, des vieilles dames ou des vieux messieurs, ou des familles qui parfois nous offrent une boisson, un gâteau. »

« C’est gratuit parce qu’en fin de compte, c’est assez enfantin comme ambiance. On ramasse des pétales,. » Tout est stocké « à la fin de la matinée à la cave, au frais, pour le lendemain. »

Dimanche : l’art des petites mains

Le dimanche matin, le cloître se transforme en atelier d’art floral. « Chaque frère a un espace de 2 m² qui lui est assigné, sur une bande de tapis qui mesure 40-50 cm de large. » L’objectif : créer « un tapis pour le Saint-Sacrement ». C’est sur celui-ci que « l’ostensoir va passer et nous en procession autour. »

François-Xavier décrit avec émerveillement le résultat : « On est assez étonné à la fin de parcourir ce cloître et de découvrir que toutes les créations sont différentes. Et qu’elles sont toutes plus belles les unes que les autres. On est émerveillé par ce qu’ont pu faire nos frères. »

Lui-même a opté pour une technique moderne : « J’ai fait des espèces de confettis, j’ai découpé avec des ciseaux, j’ai coupé en petits morceaux des pétales, et ça donnait comme un tableau impressionniste avec plein de couleurs. » Autour de lui, la créativité explose : « J’ai vu à côté de moi un beau Sacré-Cœur. Et puis d’autres qui utilisaient les couleurs des joncs. »

Le parfum de la foi

L’effet sensoriel est saisissant : « Ça embaume, tout le cloître a une odeur de rose assez légère, mais qui est très agréable. » Ce décor éphémère accompagne une journée entière de prière. « Le matin on fait les fleurs, ensuite il y a la grande messe qui commence à 10h30. Puis à la fin de la messe vers midi, on commence à prier jusqu’à 18h. »

Six heures d’adoration eucharistique dans ce cadre floral : « On passe un temps de silence, de recueillement devant le Seigneur Jésus qui est là, sous les apparences du pain, d’une hostie blanche qui est toute simple. » La procession finale mobilise tous les sens : « On a chacun un cierge à la main, on chante des litanies, des psaumes. Donc c’est la lumière, les couleurs, il y a une sorte de grand déploiement. »

L’éphémère et l’éternel

Mais le plus frappant reste la conclusion. « Aussitôt que la procession est terminée, on passe un coup de balai, les aspirateurs, tout est ratissé en 5 minutes. Il y a des camions, on a une remorque, et puis on balaie tout, et puis c’est fini. »

Cette destruction immédiate révèle le sens profond du geste : « C’était vraiment pour le passage de l’Eucharistie. On n’a pas laissé ça pendant une semaine, on n’a pas fait visiter. C’était uniquement pour le passage de l’ostensoir. On fait vraiment ça pour l’Eucharistie, pour Dieu, c’est un geste qui est pour Dieu. »

François-Xavier résume cette philosophie de l’éphémère : « Pendant plusieurs jours, on ramasse des fleurs avec amour pour faire un geste. Pour montrer que le meilleur de notre temps, on veut le consacrer à l’Eucharistie d’une manière gratuite. Parce que dans l’amour, il y a de la gratuité. »

Ce week-end de juin 2025 à Sept-Fons aura duré trois jours de préparation pour quelques minutes de procession. Une leçon de beauté gratuite, offerte et aussitôt détruite, qui révèle l’essence même de la spiritualité cistercienne. L’art au service de l’absolu, sans autre finalité que l’amour.

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